En images - Le conte des deux renards

En cette Journée mondiale des animaux et en réaction à l'article de Maud sur le coton-tige de l'hippocampe, j'ai décidé moi aussi de vous parler d'une photo du concours Wildlife Photographer of the Year 2015. Il y a bientôt un an, je me suis rendu à l'exposition au musée national d'Ecosse à Édimbourg et, parmi toutes les magnifiques photos que j'ai pu voir, une œuvre m'a particulièrement marqué : « Le conte des deux renards » de Don Gutoski, vainqueur de la compétition dans la catégorie « Mammifères ».


"A Tale of Two Foxes" by Don Gutoski/2015 Wildlife Photographer of the Year

A première vue, on ne comprend pas vraiment ce qui se passe : un renard qui mangerait un autre renard ? Ça n'a pas de sens ! C'est pourtant là tout l'intérêt de la photo, qui illustre une des conséquences négatives du changement climatique sur la biodiversité et la répartition des espèces.

Dans la toundra canadienne, le réchauffement climatique élargit l'aire de répartition géographique du renard roux vers le nord : les températures hivernales plus clémentes permettent au renard roux d'étendre son territoire vers des latitudes où il n'aurait pas pu survivre quelques décennies auparavant. Or, ces zones-là font partie du territoire du renard polaire, un cousin du renard roux, plus petit en taille et caractérisé par sa fourrure blanche en hiver.

La superposition des aires de répartition du renard roux et du renard polaire dans certaines régions amène les deux cousins à se croiser de plus en plus fréquemment. Pour le renard polaire, cohabiter avec le renard roux représente une double menace. En effet, le renard roux est le principal compétiteur du renard polaire dans la chaîne alimentaire – les deux cousins chassent les mêmes proies, principalement des petits mammifères, comme les lemmings – et également son principal prédateur. 


Si seulement quelques cas de renards polaires chassés par des renards roux ont été enregistrés jusque-là, il est probable que les conflits entre les deux mammifères deviennent de plus en plus communs en raison de l'intensité du changement climatique au cours du XXIe siècle, qui augmentera le nombre de renards roux présents sur l'aire de répartition du renard polaire.


Et les renards ne sont pas les seuls concernés : le changement climatique a et aura les mêmes impacts sur de nombreuses autres espèces, et notamment sur les insectes, qui ont d'étonnantes capacités de migration.

L'apparition de nouvelles espèces d'insectes peut avoir des conséquences néfastes sur les écosystèmes locaux et sur la production agricole. En France, la viticulture fait par exemple face à l'apparition de nouveaux agents parasitaires et pathogènes (c'est-à-dire qui provoquent une maladie) qui migrent vers le nord en raison de la modification des températures à l'échelle globale.


Florian Payen


Pour aller plus loin : 

La galerie de photos de Don Gutoski : http://www.pbase.com/wilddon.

L'article intitulé « Conséquences du changement climatique sur les invasions biologiques » de Conservation Nature, 2010 : http://www.conservation-nature.fr/article2.php?id=107.

Le livre Climate Change and Biodiversity de Thomas Lovejoy and Lee Hannah, 2005, Yale University Press, New Haven (Connecticut) & London.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Idées pour la fin de semaine #10 - L'agriculture bio peut nourrir le monde, Yasmina Khadra, My Positive Impact et la Biodiversity Heritage Library

« Paris Smart City 2050 » : un pari vert et durable ?

Qu'est-ce que l'éco-sexe ?