« Paris Smart City 2050 » : un pari vert et durable ?

A quoi ressemblera Paris dans une trentaine d'années ? Si vous aussi vous vous posez souvent cette question (ou si vous ne vous la posez pas du tout, mais que ça vous intéresse de savoir), je vous invite à découvrir le projet « Paris Smart City 2050 », qui, je vous assure, ne laisse pas de marbre !

Conçu par l'architecte belge Vincent Callebaut en collaboration avec le cabinet d'ingénieurs SETEC bâtiment, « Paris Smart City 2050 » vous propose une vision totalement futuriste de la ville de Paris, transformant la capitale en véritable ville verte et responsable vis-à-vis des contraintes urbaines et écologiques de demain (espace restreint, objectif de réduction de 75 % des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050, etc.).


Paris en 2050 ? La vision de Vincent Callebaut

« Paris Smart City 2050 » se voit convertir les bâtiments parisiens actuels en immeubles de grande taille dont la fonction serait d'assurer un retour de la nature, voire de l'agriculture, en plein cœur de la ville. D'après l'architecte, son équipe a réfléchi à des façons de réintroduire l'agriculture en ville sous la forme de vergers communautaires ou de balcons potagers associés à la structure des nouveaux bâtiments parisiens.

Un des atouts phares du projet est la tour Montparnasse, qui deviendrait un véritable Central Park vertical de cinquante-huit étages en prolongement du jardin du Luxembourg, accessible par une promenade en colimaçon. « Paris Smart City 2050 » prévoit de plus la construction d'Antismog Towers filtrant la pollution atmosphérique et de Mountain Towers visant à naturaliser les immeubles haussmanniens de la rue de Rivoli.


Le nouveau visage de la tour Montparnasse selon Vincent Callebaut

Vincent Callebaut envisage également l'aménagement de deux nouveaux ponts enjambant la Seine à l'ouest et à l'est de la ville. Ces ponts seraient des tours amphibiennes accueillant à la fois logements sociaux, équipements collectifs et appart-hôtels pour répondre à la problématique urbaine du manque de place, mais aussi pour assurer à Paris le statut de ville-monde connectée. Un dispositif d'éoliennes et d'hydroliennes alimenterait les ponts en électricité directement à partir du vent et de la Seine, faisant des Bridge Towers des bâtiments à énergie positive (c'est-à-dire des bâtiments qui produisent plus d'énergie qu'ils en consomment). 


Exemple de Bridge Tower

En outre, les Honeycomb Towers ont été pensées comme des constructions hybrides : une greffe de maisons individuelles, imbriquées les unes aux autres comme les alcôves d'une ruche, directement sur des habitations à bon marché (habitations en brique orange, souvent de six étages, construites pour des populations peu aisées et principalement situées entre le Boulevard périphérique et le boulevard des Maréchaux). L'architecte espère ainsi contrer les faiblesses énergétiques et d'isolation de ces bâtiments (et de l'ancien bâti de la capitale en général), augmenter la quantité de logements disponibles à Paris et permettre un retour en ville des joies du jardin rural à travers la disposition de potagers ou de vergers suspendus. Les toitures des maisons-alvéoles seraient recouvertes de panneaux solaires photovoltaïques et thermiques.


Exemple d'Honeycomb Tower

Si « Paris Smart City 2050 » peut prendre des allures de science-fiction, il est encourageant de voir que les projets imaginés pour le futur des grandes villes mondiales accordent une place de premier ordre à la dimension écologique et ont à cœur de rendre le tissu urbain conforme aux attentes climatiques et énergétiques d'un monde réduit en émissions de gaz à effet de serre. Même si l'architecte reconnaît qu'il demeure dans le domaine de la prospective, « Paris Smart City 2050 » se veut être un projet réaliste, car il est totalement pensé à partir de technologies déjà existantes ou en cours de développement et prend en compte la nécessité d'un changement d'envergure pour la ville de Paris.

Cependant, peut-on vraiment imaginer un Paris aussi durable ? Avant de penser à construire en hauteur des tours écologiques, il faudrait d'abord penser à rendre vertes les bases et les fondations de la ville. Peut-être est-il aussi risqué de concevoir des projets qui apparaîtraient « trop verts », car cela pourrait susciter des perceptions écologiques artificielles auprès du public sans véritablement apporter de solutions aux problèmes de fond. Surtout, « Paris Smart City 2050 » présente certaines limites quant à sa forme, car il va à l'encontre des restrictions de gabarit des immeubles parisiens dont la hauteur, selon la réglementation actuelle, est limitée en fonction des arrondissements et de la largeur des rues. Et surtout, le projet reste muet quant aux coûts qu'un tel chantier engendrerait...

Que le projet paraisse totalement farfelu ou au contraire qu'il corresponde à l'idée qu'on se fait du futur Paris, il nous fait réfléchir aux enjeux écologiques et urbains des grandes métropoles et imaginer l'allure que nous aimerions donner aux villes de demain.


Florian Payen


Pour aller plus loin :

Le site internet de l'architecte Vincent Callebaut, où vous pourrez découvrir l'ensemble de ses projets d'aménagement urbain du futur : http://vincent.callebaut.org/.

Le dossier « La ville et l'enjeu du développement durable » de Helga-Jane Scarwell, Richard Laganier et Marc Kaszynski, Développement durable et territoires, 2005, dans lequel vous trouverez de nombreux articles sur le sujet : http://journals.openedition.org/developpementdurable/102?&id=102&lang=fr

La vidéo « Paris 2050, une ville intelligente » de Babylone, qui vous immerge au sein du projet de Vincent Callebaut : 

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