COP23, un bilan en quelques lignes

Avant de partir à la COP23, j'avais résumé ses enjeux et les attentes des participants. Deux semaines plus tard, me voilà de retour à Paris... Raconter une COP est un exercice périlleux : chacun n'en voit qu'une partie infime et le mouvement continu et rapide est déroutant. Par ailleurs, ma position professionnelle actuelle me complique un peu plus la tâche, m'empêchant d'écrire ici un bilan (tout à fait) critique. Et à tout cela s'ajoute la fatigue ! 

Pour cette fois, je ne vous propose donc qu'un bilan bref et factuel, et une revue de presse.

Entrée secondaire de la zone de négociations, sous les bureaux des délégations nationales.

Les principaux résultats de la COP23

Comme je vous l'annonçais dans mon article sur les enjeux et donc sans aucune surprise, les négociations ont d'abord été techniques. La venue d'Angela Merkel, d'Emmanuel Macron et d'une trentaine d'autres chefs d’États et de gouvernements n'est pas parvenue à instiller de souffle politique fort aux discussions.

J'ai sélectionné six points qui me semblent notables :

1. Le Dialogue de Talanoa : la COP23 devait inventer la formule d'un "dialogue de facilitation" pour l'année 2018, c'est-à-dire un dialogue entre tous les États membres de l'Accord de Paris pour revoir l'ambition des engagements climatiques à la haute. C'est chose faite, nous avons un texte, une approche. Ce sera celle du talanoa, mot traditionnel fidjien pour désigner une discussion ouverte, inclusive, transparente, entourée d'empathie...
Les deux phases du dialogue de Talanoa (Source : Climatetracker.org)






2. Une groupe de travail sur l'agriculture : après des années de discorde sur ce sujet, les États se sont mis d'accord pour créer un groupe de travail sur l'agriculture, dont les experts discuteront de sécurité alimentaire, de vulnérabilité des systèmes agricoles aux changements climatiques et de techniques de réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. Ils ont du travail !

3. Genre : un plan d'action sur le genre a été adopté - une première - qui promeut la sensibilisation et les actions pour l'égalité des genres dans tout le processus, depuis les programmes nationaux de lutte contre le changement climatique jusqu'aux négociations internationales.

4. Pertes et dommages : un sujet crucial (ce sont les conséquences des catastrophes naturelles ou de phénomènes plus lents comme la désertification ou la hausse du niveau de la mer) qui ne fait toujours pas consensus... Maigre avancée, un "dialogue" d'experts examinera les financements existants.

5. Argent : hors négociations, l'Allemagne a annoncé verser 50 millions d'euros dans le fonds d'adaptation, et 50 millions dans le fonds pour les pays les moins avancés. Emmanuel Macron a quant à lui appeler l'Europe à remplacer la part américaine annulée dans le financement du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat).

6. Agenda de l'Action : ce petit nouveau des conférences climat apparu à la COP21 était encore présent. Ce sont des événements et des conférences organisés pour mettre en valeur les actions des acteurs non-étatiques (villes et régions, ONG et associations, entreprises et investisseurs, etc.). Toujours là, mais sans annonce fracassante.

Pour aller plus loin, en quelque liens

Les résultats en images (anglais), par le site ClimateTracker.org

Ou comment tout comprendre à ce qui a été décidé, sans lire le texte final ! A compléter avec leurs articles explicatifs consacrés au dialogue de Talanoa (anglais) et au sujet des pertes et dommages (anglais), et avec la vidéo du site Carbon Brief (anglais), pour d'autres images.

"Les principales avancées de la COP23", par Agnès Sinaï (français)

Pour en savoir un peu plus sur ce qui a été décidé et sur le manque d'impulsion politique, entre bonnes et moins bonnes nouvelles... C'est ce qui a généralement été relevé dans le presse française (voir ainsi les articles de Libération, Le Monde et FranceTVInfo) : un bilan mitigé, qui était peut-être inévitable, lorsque près de 200 pays s'assoient autour d'une table, en particulier dans un contexte géopolitique tendu.


On croise quotidiennement les Organisations Non Gouvernementales (ONG) aux COP, leurs experts comme leurs activistes. Le message est ici encore mitigé, entre reconnaissance de quelques avancées et déploration de l'insuffisance des progrès et du soutien politique, par rapport à l'urgence climatique.

Manifestation devant l'entrée de la zone de négociations (Source : IISD.ENB)

Des réflexions expertes : COP23, business as usual ? (anglais)

Judith Voss-Stemping et David Levaï travaillent à l'IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales), un think tank français. Leur article dépeint une image assez juste de ce à quoi ressemblait cette COP, et en particulier ses deux "zones" séparées par un parc - les négociations d'une part, et, d'autre part, une sorte de grande foire internationale de l'action climatique -, mais aussi le pavillon des Américains anti-Trump. Et leurs conclusions sont en demi-teinte, pour ce qui se passait dans l'une comme dans l'autre des zones.
A compléter avec l'analyse plus longue de Jocelyn Timperley, pour Carbon Brief.

Pour des récits jour par jour, les Earth Negotiations Bulletins (anglais)

On y trouve le résumé des sessions de négociations, illustré de photos de réunions, de plénières, de manifestations, de couloirs, de délégations, de négociateurs (fatigués), de chefs d’États et de gouvernements... Le quotidien d'une COP, des cernes sous les yeux aux murs sans fenêtres, en passant pas les rires et les froncements de sourcils.

Un beau "huddle" (petite réunion informelle entre négociateurs pour débloquer un point). Source : IISD.ENB

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