5 (bonnes) raisons de manger bio
L'alimentation est quelque chose de personnel, d'intime : on définit ses choix et ses règles, on construit ses préférences et ses goûts, et on a ses contraintes de santé et de budget... C'est (presque) sacré. Et c'est pour ces raisons que j'ai repoussé l'écriture de cet article - et l'entrée dans ce sujet - autant que possible et que j'ai attendu qu'il soit bien mûr pour le publier.
D'ailleurs, le sujet est vaste et controversé : tirer la ficelle de l'alimentation, c'est évoquer le sujet de l'agriculture ; tirer celle du bio, c'est aborder des idées politiques et économiques. Cet article ne sera donc que la première étape du chemin !
Manger bio, c'est quoi ?
Le « bio », c'est ce qui a été produit par l'agriculture biologique, c'est-à-dire une méthode de production agricole qui exclut l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM) par transgenèse (modification du matériel génétique d'un individu par introduction d'un fragment d'ADN), de l'irradiation pour conserver les cultures, et de la plupart des produits chimiques de synthèse (engrais) et phytosanitaires (herbicides, insecticides, fongicides...).
Mais ce n'est pas dans cet article que l'on rentrera dans le détail de la méthode agricole, d'autant plus qu'il existe une multitude d'approches et de philosophies !
Ces dernières années, en France, de plus en plus de citoyens ont fait le choix de manger bio, au moins en partie. Ainsi, alors que 9 % des Français mangeaient quotidiennement du bio en 2009, ils étaient 15 % cinq ans plus tard, en 2014, selon le baromètre Agence Bio/CSA Research. Cette augmentation de la demande a été accompagnée d'une augmentation des productions et des surfaces cultivées en bio : durant les quinze dernières années, la surface cultivée en agriculture biologique dans le monde a été multipliée par 2,8.
Manger bio, pourquoi ?
Il y a cinq raisons de faire le choix du bio, toutes bonnes - voire excellentes, et qui fonctionnent seules ou en cocktail. Et qui prouvent à mes yeux que le bio n'est pas une mode et ne doit pas être « un truc de bobo ».
- La santé : c'est la raison la plus invoquée, les produits bio contenant des teneurs moindres en résidus de pesticides et en nitrates que les produits non bio. Par ailleurs, une étude de l'université de Newcastle a montré que les fruits et légumes bio contiennent 69 % d'antioxydants en plus, antioxydants qui interviennent dans la lutte contre le vieillissement des cellules et réduisent les risques de développer certains cancers et maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives.Toutefois, les auteurs d'une étude européenne parue le 27 novembre dernier dans la revue Environmental Health ont analysé près de 300 documents scientifiques et leurs conclusions sont plus mitigées : le bio pourrait être un rempart contre certaines maladies, mais ce ne sont pour le moment que des hypothèses.
- Le goût et la variété : il est difficile de prouver scientifiquement qu'un produit a plus de goût qu'un autre, mais les fruits et légumes bio sont récoltés plus mûrs que leurs congénères issus de l'agriculture conventionnelle et ont donc le temps de concentrer leurs arômes.Et si on choisit bien son fournisseur, on a de grandes chances de découvrir des saveurs méconnues et de varier les plaisirs, par exemple avec les légumes anciens et oubliés (crosnes, topinambours, cardon, rutabaga...).
Des crosnes... c'est moche, mais c'est bon ! - Les agriculteurs : consommer bio, ça peut être le choix d'une agriculture dans laquelle les agriculteurs ne mettent pas leur santé en danger en épandant certains produits phytosanitaires. A ce sujet, l'émission de France Culture « Quand le monde du travail tue... » du 19 novembre dernier est très persuasive et émouvante.
- L'environnement : les méthodes d'agriculture biologique sont plus respectueuses de la fertilité des sols, de la qualité de l’eau et de la protection de la biodiversité (maintien des haies et des jachères florales ; importance de chaque plante, insecte et animal dans un écosystème ; préservation des insectes pollinisateurs et de la variété des espèces...).
Source : Red, pour Agir pour l'environnement Par ailleurs, l'agro-écologie est moins émettrice en gaz à effet de serre (GES) que l'agriculture conventionnelle, ce qui en fait une solution dans la lutte contre le changement climatique. Actuellement, l'agriculture représente 11 % des émissions de GES, en grande partie à cause des engrais de synthèse, de l'élevage et de l'usage des tracteurs et des machines agricoles. Un changement de méthode semble donc crucial.
- Un choix politique : manger bio, c'est « voter avec son porte-monnaie » ! L'augmentation de la demande envoie un signal clair aux agriculteurs, aux magasins et aux décideurs politiques, en faveur d'une transition vers une agriculture plus respectueuse de notre santé et de celle du monde dans lequel nous vivons. Et quelques jours après la publication d'une étude qui démontre qu'il sera possible de nourrir la population mondiale en 2050 avec l'agriculture bio, j'avoue que je ne vois pas très bien pourquoi on s'opposerait à ce choix...
La santé n'est donc qu'une raison parmi d'autres de choisir de manger bio... Finalement, manger bio, c'est bien, non ? Et manger bio, produit par de petits agriculteurs, local et de saison, c'est encore mieux !
On se retrouve la semaine prochaine pour une deuxième partie sur le coût, les labels et une sélection de produits à acheter en bio (si on ne devait en choisir que quelques-uns).
Maud Vandoolaeghe
Pour aller plus loin :
📖 Lire l'étude diligentée par le Parlement européen et dirigée par Axel Mie sur les bénéfices d'une alimentation bio sur la santé : "Human health implications of organic food and organic agriculture: a comprehensive review", Environmental Health, 27/11/2017
👂Écouter l'émission de France Culture sur les combats des victimes de maladies professionnelles graves, avec notamment Paul François, agriculteur intoxiqué au Lasso et auteur d'Un paysan contre Monsanto, paru chez Fayard: « Quand le monde du travail tue... », 19/11/2017
👀 Regarder le film documentaire Nos enfants nous accuseront de Jean-Pierre Jaud (2008)
👀 Regarder le film documentaire We feed the World d'Erwin Wagenhofer (2005)
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