En images - Le coton-tige de l'hippocampe

Des photographies des finalistes de l'édition 2017 du concours Wildlife Photographer of the Year ont été dévoilées le 12 septembre dernier, avant l'ouverture de l'exposition qui leur sera consacrée au Muséum d'histoire naturelle de Londres (ouverture le 20 octobre). Je vous épargne mes envolées lyriques, les photos sont belles, émouvantes et percutantes.

L'une d'entre elles m'a particulièrement marquée... sans surprise :


"Sewage Surfer" by Justin Hofman/2017 Wildlife Photographer of the Year

Il semble un peu absurde, un peu décalé, ce petit hippocampe accroché à son bout de plastique rose. Deux idées me viennent alors à l'esprit.

D'abord, ce coton-tige, symbole de la pollution plastique de nos océans. Les chiffres sont effarants. Entre 8 et 12 millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans annuellement (pour une production annuelle de 300 millions de tonnes de plastiques), soit l’équivalent d’un camion poubelle chaque minute. Ajoutons que le plastique prend son temps pour se dégrader : 450 ans pour un sac en plastique, par exemple.

Selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur publié en janvier 2017, le poids du plastique dans les océans pourrait être supérieur à celui des poissons en 2050, si nous ne repensons pas notre production de plastiques et notre gestion des déchets !

Ensuite, la légende de la photo raconte une histoire tendre : soufflé par un coup de vent en surface, l'hippocampe s'est accroché au coton-tige comme à un radeau (et je dois avouer qu'à ce mot, mon cerveau a bizarrement fait un parallèle avec Le Radeau de la Méduse de Géricault). Si ce plastique-là ne représente apparemment pas un danger pour cet hippocampe-là, notre pollution est une catastrophe pour les écosystèmes marins.

Il est par exemple difficile d'ignorer que les particules de plastique contaminent toute la chaîne alimentaire : crustacés, poissons, tortues, mammifères marins, oiseaux... Par ailleurs, les déchets contenant du polyéthylène - c'est-à-dire la plupart des plastiques - deviennent poreux en se dégradant et absorbent les métaux lourds. Et les experts ne savent pas encore ce que deviennent ces éponges et leur contenu empoisonné. 

Comme toujours, il n'y a pas de solution miracle, mais un cocktail de gestes simples et de solutions techniques qu'il faut encore développer et améliorer pour nettoyer les océans et limiter la pollution :

1. Limiter l'utilisation des plastiques : utiliser des sacs en tissu pour les courses (le plastique biodégradable contient toujours en partie du plastique issu de la pétrochimie) ; ne plus utiliser de paille ni de vaisselle en plastique (dont la mise à disposition sera interdite par la loi française à partir de 2020) ; remplacer les cotons-tiges jetables (également interdits par la loi française à partir de 2020) par des cure-oreilles réutilisables, en bambou par exemple ; éviter les produits dont les emballages sont excessifs ; acheter en vrac, en se munissant de bocaux...

2. Recycler (on en reparla plus en détails bientôt !).

3. Ramasser les déchets, participer aux initiatives locales de nettoyage des cours d'eau et des plages ou juste utiliser l'application 7e continent qui permet de géo-localiser des zones polluées et de les signaler à des associations.

Peut-être cette photo, sous ses apparences fluorescentes et innocentes, est-elle bien une sorte de Radeau de la Méduse moderne. Mais elle vient avant le naufrage, que nous pouvons encore éviter. 


Maud Vandoolaeghe


Pour aller plus loin :

Le site du concours Wildlife Photographer of the Yearhttp://www.nhm.ac.uk/visit/wpy.html

Le rapport The New Plastics Economy, Fondation Ellen MacArthur, janvier 2017 :
https://www.ellenmacarthurfoundation.org/assets/downloads/New-Plastics-Economy_Catalysing-Action_13-1-17.pdf

Le documentaire A Plastic Ocean de Craig Leeson, 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=6zrn4-FfbXw (disponible sur Netflix)

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